Alors que la surpopulation rend la situation des prisons explosive, les appels convergent de toutes parts : il est urgent de mettre en place un mécanisme qui contraigne les acteurs judiciaires et pénitentiaires à réguler la population carcérale. Eux-mêmes le demandent, aux côtés de tous les acteurs de terrain.
Ils ne sont pas seuls : de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme au Contrôle général des lieux de privation de liberté, en passant par le Conseil économique, social et environnemental ou encore des parlementaires[1], tous exhortent le gouvernement à avoir le courage politique d’agir. Le 10 octobre, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe invitait elle aussi « les autorités à expérimenter un mécanisme contraignant de régulation carcérale ».
Mais cette unanimité se heurte à un gouvernement plus sourd que jamais : « la France ne souhaite pas instituer un mécanisme législatif contraignant de régulation carcérale, lié à un seuil de criticité, qui pourrait attenter au principe de l’individualisation des peines et fragiliser la sécurité publique », assume-t-il dans un document adressé le 1er septembre au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. La fin de non-recevoir est claire.
En réalité, aucun des dispositifs contraignants de régulation carcérale proposés n’empêcherait les magistrats de continuer à rendre leurs décisions au cas par cas. La libération de nombreuses personnes détenues en fin de peine pendant la crise sanitaire liée au Covid-19 a montré que, loin d’être risquée, une telle opération pouvait produire des effets rapides à la mesure de l’urgence. À l’inverse des politiques mises en place depuis des dizaines d’années, que les autorités françaises entendent poursuivre en dépit d’un résultat dramatique : sur les 73 693 personnes détenues au 1er septembre, près de 50 000 s’entassaient dans des prisons où le taux moyen d’occupation frôle 145%, et 2 361 dormaient sur des matelas à même le sol.
Il n’est plus possible d’accepter qu’en France, les personnes détenues soient soumises à des conditions inhumaines. Sans attendre les nécessaires réformes de fond, une solution d’urgence existe et fait l’objet d’un large consensus : une régulation carcérale, qui doit absolument être contraignante pour produire des effets. Il est grand temps que le gouvernement s’en saisisse.
Signataires :
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Avocats pour la défense des droits des détenus (A3D)
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ACAT-France
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Association des avocats pénalistes (ADAP)
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Association nationale des assesseurs extérieurs en commission de discipline (ANAEC)
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Association nationale des juges de l'application des peines (ANJAP)
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Association-Réflexion-Action-Prison-Et-Justice (ARAPEJ-41)
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Association nationale des visiteurs de prison (ANVP)
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Auxilia
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Ban public
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Barreau de Paris
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Confédération générale du travail (CGT)
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Club informatique pénitentiaire (CLIP)
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Conférence des bâtonniers
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Conférence nationale des directeurs pénitentiaires d'insertion et de probation (CNDPIP)
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Conseil national des barreaux
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Emmaüs France
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Fédération des associations réflexion action prison et justice (FARAPEJ)
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Fédération des acteurs de la solidarité
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La Cimade
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Ligue des droits de l'Homme (LDH)
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L'Îlot
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Lire c'est vivre
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Lire pour en sortir
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Médecins du monde
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Observation international des prisons – section française (OIP-SF)
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Possible
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Secours catholique – Caritas France
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Sidaction
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Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP)
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Syndicat national de l'ensemble des personnels de l'administration pénitentiaire (SNEPAP)
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Syndicat national des personnels de l'éducation surveillée – Protection judiciaire de la jeunesse (SNPES-PEJ/FSU)
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Syndicat de la magistrature
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Syndicat des avocats de France (SAF)
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Union nationale des directeurs pénitentiaires d'insertion et de probation (UN-DPIP)
 
[1] Voir :
Rapport d'information n°1539  sur les alternatives à la détention et l'éventuelle création d'un mécanisme de régulation carcérale, Commission des lois de l’Assemblée nationale, 19 juillet 2023. 
Proposition de loi n°1460 visant à l’instauration d’un mécanisme de régulation carcérale et de prévention de la surpopulation pénitentiaire, déposée à l’Assemblée nationale le 4 juillet 2023.
Amendement n°594 discuté en séance publique à l’Assemblée nationale lors de la 1ère lecture du projet de loi d’orientation et programmation du ministère de la justice 2023-2027, 29 juin 2023.
Proposition de loi visant à mettre fin à la surpopulation carcérale, déposée au Sénat le 5 septembre 2022.